J’avais 12 ans et demi lorsque mes parents m’ont annoncé que nous allions bientôt être 4 dans la famille. Cette nouvelle a été un choc pour moi, depuis toute petite je rêvais d’être grande sœur, mais j’avais renoncé à cette idée avec le temps.
J’étais ravie à l’idée d’avoir enfin une petite sœur car oui je voulais que ce soit une fille !
Mon souhait enfin réalisé, j’ai appris un jour en revenant du collège, voyant ma mère en larme, que ma sœur chérie était sourde profonde bilatérale de 3ème degré.
Cette nouvelle m’a beaucoup émue, c’était un monde que je ne connaissais pas du tout, j’avais peur.
J’ai toujours voulu être au courant de tout concernant ma sœur. Et je remercie mes parents d’avoir toujours fait en sorte de tout m’expliquer.
Puis, la décision de l’implant a été prise, j’appréhendais beaucoup l’opération, d’autant plus que je ne pouvais pas être présente car mes parents ont fait le choix d’aller sur Paris. Lorsqu’ils sont revenus j’ai été bouleversée par la vision de ma sœur avec un bandeau autour de sa tête toute gonflée.
Puis le temps a passé et j’avais décidé depuis le départ que je serais toujours présente pour elle, que je serais là pour l’aider dans les moments difficiles, comme dans les meilleurs, que je garderais ce rôle de sœur malgré son handicap. Mais croyez-moi, j’ai une relation assez fusionnelle avec Julia et j’ai un peu pris le rôle d’une deuxième maman malgré moi.
Aujourd’hui ? Julia m’a tout l’air d’être une enfant pleine de vie, comme tous les autres. Elle parle et fait d’énormes progrès, elle s’intéresse à ce qui l’entoure. Elle adore l’école, elle a des copines et même un amoureux !
Une complicité exceptionnelle s’est installée entre nous, on joue beaucoup ensemble tout en apprenant, j’utilise le code LPC pour des mots difficiles à prononcer, elle met sa main sur mon cou pour mieux comprendre quand elle n’a pas son appareil. On se dispute et se crie dessus, oui oui car mademoiselle a son propre caractère croyez-moi !
Sa surdité me fait peur mais ne m’éloigne pas d’elle bien au contraire, je suis là et je serai toujours là pour elle, je me le suis promis, parce que je sais que dans ce monde, il y aura toujours des petits idiots qui se moqueront d’elle. Au début ça fait du mal, puis après on se dit que ces gens-là sont inintéressants.
Son handicap, elle doit le garder comme une force et non pas comme une faiblesse. J’admire ce petit bout pour tout ce courage car si c’est difficile pour nous au quotidien, malgré ce que les autres pensent c’est assez fatiguant et éprouvant, j’imagine que pour elle ça ne doit pas toujours être évident , elle n’a que 5 ans mais comprend déjà beaucoup de choses…
Je veux que ma sœur reste forte, qu’elle se batte pour faire ce qu’elle souhaite dans la vie. Notre société met les sourds dans une case de « sourd-muet », où peu de choses sont mises en place pour eux.
Tous ceux qui vivent la même chose que moi, je leur souhaite vraiment de partager tous ces moments fraternels, le plus important n’est pas la surdité, il faut réussir à passer outre, nos frères ou sœurs ne se résument pas à leur handicap.
Je souhaite terminer mon témoignage en disant que j’admire mes parents d’avoir étaient aussi présents, et si courageux car même si certains disent, elle n’est « QUE » sourde, le jour où on l’apprend c’est comme si le ciel nous tombait sur la tête.
J’aimerais être présente pour ceux qui veulent échanger avec moi, car l’avis d’une grande sœur (ou grand frère) n’est pas toujours fréquent.