fi3tr1t93w
Archives de catégorie : Outils et méthodes d’apprentissage
Lipdub de l’ALPC sur « Hello », une chanson de Yannick Noah
Un clip formidable vient d’être tourné avec les familles participant au stage d’été de l’ALPC.
Dès son arrivée, l’équipe de tournage est tombée sous le charme de ces enfants sourds, de ces enfants entendants, et de tous ces parents, proches et amis qui se formaient au code LPC durant une semaine.
Chacun s’est investi pour le lipdub, dans chaque famille, une phrase codée était travaillée, on entendait chanter « Hello » dans les couloirs et sur les pelouses. Chacun avait à coeur de représenter la « tribu LPC », souvent méconnue, mais qui se bat quotidiennement pour le présent et l’avenir des enfants sourds.
Tout s’est passé dans la joie, adultes, jeunes et enfants étaient fiers de participer à cette aventure.
Le code LPC ou Langue française Parlée Complétée
C’est un code gestuel qui, associé aux mouvements des lèvres, permet de bien distinguer tous les sons émis.
Ce n’est pas une langue, c’est un procédé qui aide à la réception de la langue française (orale) par une personne sourde.
Lorsqu’une personne parle en articulant normalement, seulement 30 %* des sons qu’elle émet sont visibles par les mouvements de ses lèvres (70 % des sons sont produits à l’intérieur de la bouche, par la gorge,…).
Voilà pourquoi un physicien américain, le Professeur Orin Cornett, inventa en 1967 un code gestuel qui, associé aux mouvements des lèvres du locuteur, permit de lever les ambiguïtés labiales.
Le principe est simple : le locuteur parle et en même temps il fait des gestes codifiés (une seule main suffit) près de son visage.
Le code LPC entraîne un enfant sourd à la lecture labiale du français et il l’entraîne à une récupération auditive (si faible qu’elle soit), car la pratique du code LPC met cet enfant malentendant ou sourd profond en relation avec un interlocuteur qui oralise.
Le code LPC nécessite un apprentissage de la famille, cependant quelques jours suffisent pour l’apprendre. L’enfant sourd doit quant à lui, se familiariser peu à peu avec le code, au fil des mois. Lorsqu’il reconnait tous les phonèmes du français, l’enfant sourd profond ou malentendant peut recevoir un message oral de façon fiable, et progresser dans sa maîtrise de la langue française.
Pour d’autres informations sur la
Langue française Parlée Complétée :
Association ALPC
La langue écoutée parlée, des techniques stimulantes
La langue écoutée parlée (ou Auditory Verbal Therapy, AVT) est un ensemble de techniques orales dont l’objectif est d’entraîner les enfants sourds à développer leur capacité d’écoute, sans aide visuelle.
Au départ, ces techniques orales se pratiquent avec des thérapeutes* lors de séances avec les parents et les enfants, elles sont donc enseignées aux familles par unprogramme d’accompagnement parental.
La langue écoutée parlée se pratique aussi (et surtout) au quotidien, dans tous les environnements de vie. Pour les parents, tout doit être l’opportunité d’une communication orale avec son enfant, afin que celui-ci développe ses capacités auditives.
Le programme donne aux parents des moyens pratiques et systématiques pour travailler avec leur enfant à la maison. Il se compose d’un ensemble de leçons à faire dans un ordre donné, selon les progrès de son enfant.
La première étape consiste à évaluer les aptitudes de l’enfant à la communication orale, selon une « liste de contrôle » (voir notre article sur la liste de contrôle).
Avec la « liste de contrôle », les parents sont en mesure d’évaluer le niveau de leur enfant, et ils pourront ainsi commencer les leçons de langue écoutée parlée correspondantes à ce niveau.
La langue parlée écoutée repose sur différentes techniques ou stratégies de communication orale qui sont préconisées, en voici quelques-unes :
le rapprochement, l’exagération, l’accentuation, la pause délibérée, la reformulation, le « cache-parole» (« hand cue »)
1) Le rapprochement signifie que les parents se rapprochent du microphone de l’appareil auditif de l’enfant (prothèses conventionnelles ou implants cochléaires), en lui parlant d’une voix chuchotée ou faible, sans se mettre face à lui, et en limitant les bruits de fond. Peu à peu, les parents s’éloigneront à une distance normale et utiliseront un niveau sonore moyen.
2) L’exagération est une technique où il faut insister sur les aspects du discours pour que l’enfant y porte attention et qu’il le comprenne. Le langage ainsi parlé évoque un peu celui d’une mère qui parle à son bébé : les paroles sont répétitives, riches en mélodie, en expression.
3) L’accentuation ou la mise en évidence accoustique est le fait de souligner (accentuer) un son spécifique, des mots (des éléments de syntaxe par exemple) ou des phrases. Le thérapeute conseille sur ces sons ou ces mots qui sont mal perçus par l’enfant.
4) La pause délibérée est une pause que nous faisons au milieu de ce que nous disons afin de donner à l’enfant une chance de répondre verbalement. Sans rien dire, nous signifions que nous attendons de lui sa réponse, que nous l’écoutons et que nous lui donnons le temps de s’exprimer. En utilisant des pauses délibérées, l’enfant apprend à engager la conversation mais surtout il apprend à essayer de dire ce qu’il veut dire sans qu’on lui ai formulé sa réponse auparavant.
5) La reformulation consiste à fournir des alternatives, à répéter des informations déjà entendues ;
6) Le « cache-parole» (« hand cue ») est une technique qui consiste à cacher brièvement sa bouche lorsqu’on parle à l’enfant, ou à lui parler derrière un objet (une feuille, un doudou). Le « cache-parole» sert de signal à l’enfant pour qu’il écoute attentivement, mais il ne doit être utilisé uniquement que lorsque c’est nécessaire. Quand les enfants se servent suffisamment leur audition, l’utilisation du « cache-parole» n’est plus adaptée.
Les enfants qui sont sourds ou malentendants ont besoin d’apprendre à écouter et la langue parlée écoutée leur permet de le faire à travers des jeux et des interactions en famille. Les récents progrès scientifiques dans l’amplification et la technologie des implants cochléaires, mais aussi les avancées des appareils numériques conventionnels, fournissent un grand potentiel pour ces enfants. Selon Warren Estabrooks, thérapeute AVT au Canada et consultant international, la langue écoutée parlée est le compagnon naturel de cette haute technologie.
*A ce jour, nous ne connaissons pas de thérapeutes en langue écoutée parlée en France, mais si vous avez des renseignements à ce sujet, merci de contacter Ecoute en Action, nous diffuserons l’information.
Comment exercer la mémoire auditive ?
Chez l’enfant sourd c’est essentiellement la mémoire auditive qui est déficiente et souvent remplacée par d’autres mémoires : visuelle, olfactive, kinesthésique, etc.
Pour qu’un enfant sourd oraliste puisse acquérir durablement le langage, la prosodie et la syntaxe, éléments indispensables pour être bien compris des entendants, il faut que les parents (nous disons bien « les parents » et non pas les orthophonistes) fassent régulièrement des exercices pour fortifier et développer cette mémoire auditive qui n’a pas été mobilisée in utero.
Nous avons trouvé dans un jeu de séquences vendu chez « Mot à Mot » (www.mot-a-mot.com) des séries de six images racontant une petite histoire drôle, un exercice facile à faire et très ludique.
D’abord, l’enfant doit reconstituer l’historiette en plaçant les images dans le bon ordre, ensuite on lui demande de « raconter » chaque image et on s’entend avec lui sur un texte simple combinant l’ordre canonique de la phrase. Dans l’exemple ci-dessus, l’enfant nous a dit « Léa et Lars prennent des fleurs », que nous avons légèrement modifié afin de l’enrichir : « Léa et Lars cueillent des fleurs dans le jardin ». Il est conseillé de ne pas trop s’écarter de l’énoncé proposé par l’enfant afin qu’il « reconnaisse » la phrase qu’il nous a proposée initialement.
On écrit ensuite la phrase et on la fait lire à l’enfant.
On cache ensuite la phrase et on la lui fait répéter de mémoire. Chaque fois qu’il se trompera on lui dira « c’est bien, mais il manque quelque chose », puis on lui répétera la phrase lentement, sans la lui faire lire, jusqu’à qu’il puisse la répéter de mémoire, utilisant pour cela, exclusivement sa mémoire auditive.
Puis on mélange les mots et on lui demande de reconstituer la phrase.
Pour cette dernière étape, il faut être patient… s’il se trompe, faites-lui lire ce qu’il a reconstitué et voyez s’il peut s’auto-corriger.
S’il ne retrouve pas tout de suite la bonne phrase, vous la dites à haute voix, le faites répéter, puis lui demandez de corriger la sienne.
Très vite les enfants se prennent au jeu et proposent des phrases d’une syntaxe impeccable avec un vocabulaire étendu.
Souvent, d’ailleurs, ils inventeront des conséquences inattendues aux historiettes proposées!